Patrick Haudecoeur joue François Pignon dans "Le dîner de cons", à Gland.
Patrick Haudecoeur est déjà venu au théâtre de Grand-Champ avec son spectacle devenu culte "Thé à la menthe où t'es citron?", qui a reçu le Molière 2011 de la Meilleure pièce comique. Cette semaine, le public peut retrouver le comédien français avec "Le dîner de cons", pièce mythique écrite par Francis Veber. Il y est question d'un éditeur parisien qui organise des dîners où chaque convive doit amener un "con", intarissable sur un sujet incongru. La soirée consiste à se moquer sans se montrer. Dans une mise en scène d'Agnès Boury et aux côtés de José Paul, Patrick Haudecoeur endosse le rôle de François Pignon, immortalisé par Jacques Villeret, en 1993 sur scène, et en 1998 sur grand écran. Coup de fil.
Patrick Haudecoeur, comment s'annonce votre tournée du "Dîner de cons"?
Elle se présente très bien. La Première a lieu en région parisienne avant une quarantaine de dates en Suisse et en France. Cette pièce est une très belle partition qui a beaucoup de succès. Mais, dans cette mise en scène, on ne s'appuie pas sur ce qui a déjà été fait. Nous avons fait quelques adaptations à l'époque d'aujourd'hui. Le téléphone, par exemple. C'est le huitième personnage de la pièce, mais les téléphones ont beaucoup changé depuis vingt ans. Et nous nous approprions les personnages. La ligne de la metteure en scène, Agnès Boury, est de se reposer sur l'essence même de la pièce, de ne pas en faire un spectacle de boulevard. Elle-même n'a jamais vu de représentations du "Dîner de cons", ni le film. Il s'agit de retrouver l'essence du début, il y a vingt ans, en 1993, quand la pièce était jouée par Claude Brasseur et Jacques Villeret.
Est-ce que cette pièce a été beaucoup jouée, depuis?
Dans le théâtre professionnel, "Le dîner de cons" a été repris deux fois: par Arthur et Dany Boon et par Chevallier et Laspalès. Mais, s'il y a d'autres comédiens qui l'ont jouée, la poutre centrale reste l'écriture. "Le dîner de cons" est devenu
un classique du théâtre. Il y a une mécanique très précise. Et la palette de jeu est énorme, il y a plusieurs couleurs possibles pour chaque personnage. C'est comme un concerto de Mozart ou de Chopin, les musiciens peuvent se l'approprier, ça reste toujours magnifique.
Et votre rôle, François Pignon, comment l'avez-vous abordé?
Je ne suis pas du tout le même que Jacques Villeret. En premier lieu par mon apparence physique. Je suis plus menu que lui. Et Villeret, avec son air un peu bonhomme, avait facilement ce côté "con-con" que je n'ai pas. Le François Pignon que j'interprète est maladroit, naïf, très inspiré de mon clown habituel. Je joue un personnage candide, lunaire, qui veut aider son prochain. C'est un petit comptable avec une vie toute simple, il n'a pas de rêves, c'est un petit fonctionnaire. Il a une intelligence du coeur et ne veut pas faire de mal aux autres.
Mais comment joue-t-on le rôle d'un con?
On est toujours le con de quelqu'un. Ce sont les situations et les autres qui nous rendent bêtes ou intelligents, on ne l'est pas de fait. Quand on est con ou méchant, on ne le sait pas soi-même. Contrairement à la polémique autour des spectacles de Dieudonné, les cons ne peuvent pas porter plainte contre nous sinon, ils se dénonceraient eux-mêmes comme étant cons (rires) .
A vos côtés, le comédien et metteur en scène José Paul interprète Pierre Brochant...
C'est le producteur, Pascal Legros, qui nous a rassemblés. José Paul joue un très bon Brochant, froid et moqueur. Bien entendu, il n'est pas du tout comme ça dans la vie. En répétant, nous nous sommes rendu compte que "Le dîner de cons" repose vraiment sur le duo. Patrick Haudecoeur, sans José Paul, ne peut pas fonctionner. Tous les deux, nous avons une grande complicité de jeu. Chacun est à fond dans son personnage. Si nous étions des clowns, François Pignon serait l'Auguste et Pierre Brochant le clown blanc. Et il est beaucoup plus difficile de trouver son clown blanc. Et c'est lui qui fait un bon Auguste, en contraste.
Vous êtes déjà venu à Gland jouer "Thé à la menthe ou t'es citron?" qui a plus de 1000 représentations au compteur. Vous vous étiez lassé?
J'ai arrêté car j'en avais fait le tour, oui. Je ne voulais pas m'esquinter avec quelque chose qui ne m'amuse plus. La pièce se joue encore dans la même mise en scène à Paris, mais quelqu'un m'a remplacé pour mon rôle. Je la reprendrai peut-être dans quelques années... Je suis mal placé pour le dire, puisque c'est ma pièce, mais peut-être que "Thé à la menthe ou t'es citron?" est aussi en train de devenir un classique du théâtre...
"Le dîner de cons"
Mercredi 15 et jeudi 16 janvier, 20h30
Théâtre de Grand-Champ, Gland
Rés.: 022 364 30 30
www.evento-spectacle.ch