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Channel: La Côte - News - Gland
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Sur le terrain, avec les jeunes

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"La Côte" a suivi des travailleurs sociaux de proximité au cours d'une soirée de prévention menée sur les plages de La Côte. Reportage.

jlaurent@lacote.ch

Affairés à vérifier le contenu de leur sac à dos rouge, Nicolas et Vitor semblent prêts à partir en expédition à l'assaut d'un sommet. Mais leur besace ne renferme qu'une vingtaine de bouteilles d'eau, une trousse de secours, dans laquelle se trouvent également des préservatifs. Leur mission: inciter les jeunes à faire "La Teuf sans risque" et mener ainsi une action de prévention sur toutes les plages de La Côte. Ils distribueront des bouteilles d'eau munies de messages, tels que "si rien ne va plus, appelle le 144 et reste avec la personne" ou "en cas d'abus, ne lâche pas ton pote".

"L'action, lorsqu'elle a été mise sur pied en 2005 par l'Espace Prévention était une première en Suisse" , explique Gérald Magnin, travailleur social de proximité (TSP) et coordinateur de l'équipe des TSP. Lui et son collègue Mathieu Lasson encadreront les deux jeunes acteurs de prévention au cours de la soirée.

Il est un peu plus de 21 heures sur la plage de Morges, il fait enfin beau au soir du 7 juin, le son d'un djembé résonne, les jeunes sont là. L'accueil fait aux deux porteurs d'eau est franchement positif. "C'est une bonne idée d'amener des boissons non alcooliques: ce ne sont pas celles que l'on pense à apporter; on a tendance à amener que des bières et de la sangria" , explique Jeremy, 22 ans. "Je respecte énormément leur travail, il est nécessaire. C'est une belle initiative, faut que ça continue. Quand on boit, on n'assimile pas vraiment que l'alcool déshydrate. Et l'eau peut nous sauver la vie" , affirme Romain.

Prise de conscience

Le Morgien de 28 ans se révèle être un très bon ambassadeur de l'Espace Prévention. Il ne cache pas que, plus jeune, il a beaucoup consommé d'alcool, s'adonnant à des jeux à boire qui ont précisément attiré l'attention des travailleurs sociaux de proximité. De là sont nés ses premiers contacts avec l'Espace Prévention et ses TSP: "Au début, on les recevait mal, on était réticent, mais ils revenaient régulièrement et, avec le temps, on s'est mis à accepter les conseils qu'ils pouvaient nous donner."

Romain explique que les discussions avec les TSP ont fait leur chemin petit à petit et l'ont amené à s'interroger sur sa propre consommation. "J'ai réalisé que si je buvais, c'est qu'il y avait peut-être un souci quelque part. Et puis mes grands-parents sont décédés avant 60 ans à cause de l'alcool. J'ai commencé à arrêter de consommer tous les week-ends. J'ai pris conscience que l'alcool était un sacré fléau. Je trouve ça beau ce que les TSP font, j'ai réalisé à quel point leur travail était bénéfique."

Après une demi-heure sur la plage, on quitte Morges pour rejoindre Caribana. Dans le bus, Mathieu Lasson se confie. Il a intégré l'équipe des TSP il y a un peu plus de 6 mois. Auparavant il travaillait en milieu fermé, dans une institution. "Je côtoyais des jeunes en fin de parcours. Là, j'ai la possibilité d'intervenir plus tôt, sur leur territoire de vie - et d'être ainsi plus efficace - car on est dans l'anticipation plutôt que dans la réparation , explique-t-il. La clé, c'est de créer une relation de confiance avec les jeunes, mais cela prend du temps."

Arrivés aux abords du festival, les deux TSP se contentent de prendre la température afin de s'assurer qu'il vaut la peine que les deux jeunes acteurs de prévention passent plus tard. "On gagne du temps pour eux. L'objectif c'est de favoriser les contacts, afin qu'ils aient du temps pour discuter. Ce ne sont pas que des distributeurs d'eau" , relève Gérald Magnin. En chemin, les TSP vérifient que les verres ou bouteilles abandonnés soient vides. Ils ramassent également seringues et autres objets dangereux. "Un jeune, s'il est imbibé, boira tout ce qu'il trouve, c'est dangereux" , explique Gérald Magnin.

Peut mieux faire

Après Crans, bref arrêt à Gland. Les TSP se présentent auprès des groupes et avertissent que leurs collègues de la prévention passeront. "Génial, c'est pas les stups, on peut discuter" , lance l'un des jeunes. La discussion s'engage sur le tri des déchets. Les jeunes souhaiteraient un centre de tri supplémentaire tout près du lac. "Parfois, les jeunes nous font des propositions intéressantes que l'on relaye ensuite auprès des autorités" , explique Mathieu Lasson.

Sur la plage de la Dullive, il n'y a personne, départ pour Rolle. L'accueil y est à la mesure de l'avancement de la soirée et du taux d'alcool dans le sang. "On veut bien des préservatifs, avec des meufs!" , lance l'un des jeunes. Gérald Magnin n'est pas étonné par cette réaction: "Un jeune me surnomme Monsieur Capote!" "C'est sympa ce que vous faites. Faites attention aux gamins!" , ajoutera toutefois un autre.

Après Rolle, les deux TSP se rendent seuls dans une fête de jeunesse. La société organisatrice a contacté l'Espace Prévention pour bénéficier gratuitement de matériel, tel que des pancartes stipulant l'âge d'accès aux différentes boissons alcoolisées ou des bracelets différenciant les âges. "On n'est pas là que pour distribuer du matériel, l'idée c'est d'avoir un partenariat" , explique Gérald Magnin. La collaboration avec la Jeunesse ne s'avère pas totalement fructueuse: la société a établi une liste des prix qui n'est pas correcte (il devrait y avoir un choix de trois boissons moins chères que la première boisson alcoolisée). Gérald Magnin opte pour une position de tolérance contre la promesse que, lors de la prochaine fête, la société fera mieux. "Les sociétés de jeunesse font de plus en plus d'efforts de prévention" , assure-t-il pourtant.

La tournée durera au-delà de minuit: l'équipe de prévention retournera sur certaines plages afin de s'assurer qu'aucun jeune alcoolisé n'a été laissé sur le car reau.


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