Un habitant d'Eikenøtt dénonce le passage de voitures sur l'allée du Communet avant tout destinée aux piétons.
Propriétaire d'un appartement à Eikenøtt, Daniel Zieri ne décolère pas. L'allée du Communet, qui traverse le quartier et passe devant son logement, est empruntée quotidiennement par des véhicules. " Et des automobilistes se parquent régulièrement le long de la rue ", affirme-t-il. Pourtant, le règlement d'Eikenøtt édicté par le constructeur Losinger Marazzi est clair: l'accès aux véhicules motorisés est limité à des cas exceptionnels. Comme la dépose de personnes à mobilité réduite ou lors de déménagements. Et ces déplacements sont strictement interdits entre 21h et 7h du matin.
Par ailleurs, le Plan partiel d'affectation (PPA), établi par la commune, stipule que la circulation n'est autorisée qu'à titre exceptionnel sur ce tronçon. Pour faire appliquer son règlement, Losinger a installé des bornes escamotables aux deux extrémités de l'allée. Il faut être muni d'un badge magnétique pour les ouvrir.
"Rien n'a changé"
" Ç a, c'est pour la théorie! ", lâche Daniel Zieri, " dans les faits, l'accès à la rue est ouvert à tous. Il suffit de placer une canette en aluminium devant la cellule magnétique et les bornes s'ouvrent. Qui plus est, chacune d'entre elles est munie d'un bouton d'ouverture d'urgence, accessible à tous. " Au mois d'avril 2014, le propriétaire décide de faire part du problème à Losinger ainsi qu'à la commune. Le constructeur propose de le rencontrer. Ce qui se fera à trois reprises.
" Losinger a proposé de modifier son règlement. Soit d'interdire l'accès à la rue entre 12 et 18h et de l'autoriser en soirée. Ces nouvelles dispositions augmentent le nombre d'heures d'accessibilité au quartier et permettent une circulation nocturne. C'est en contradiction avec le panneau du juge de paix, installé à l'entrée de la rue. Par ailleurs, dans le contrat signé avec Losinger, l'entreprise s'engage à respecter le PPA et la charte d'aménagement. Ces documents mentionnent que le trafic motorisé doit être banni à l'intérieur du quartier ", explique Daniel Zieri.
Au mois de novembre, le propriétaire s'adjoint les services d'un avocat. Losinger coupe court, par courrier, en répondant que l'entreprise a rempli ses obligations et respecté ses engagements. Mais, quelques jours plus tard, après avoir contacté le préfet, la commune lui envoie une missive dans laquelle elle indique avoir mis en demeure le constructeur. Afin qu'il mette en place un règlement conforme au PPA. Ceci pour le 31 janvier.
" Aujourd'hui, rien n'a changé. Dimanche encore, j'ai comptabilisé le passage d'une dizaine de voitures en deux heures. Alors que le dernier règlement prévoit une fermeture complète ce jour-là ", déplore -t-il.
Un problème de définition
Du côté de Losinger, on ne souhaite pas s'exprimer publiquement sur ce dossier. Le constructeur estimant qu'il s'agit d'une affaire privée entre Daniel Zieri et lui. En revanche, la Ville est plus loquace. " Il faut tout d'abord préciser que la commune n'est pas propriétaire du terrain. Elle est uniquement garante du PPA ", indique le municipal Michaël Rohrer, " aujourd'hui, un processus est en cours, avec Losinger, pour mettre en adéquation le règlement du quartier avec le PPA. "
Et l'élu d'expliquer qu'il s'agit avant tout d'une question de définition. Le PPA stipule en effet que la circulation est autorisée à titre "exceptionnel". Selon le politicien, tout le problème réside dans la définition du mot. " Qu'inclut-on ou non dans ce terme? Il peut être sujet à de nombreuses interprétations. Nous avons demandé à Losinger de travailler sur une définition précise. Mais j'ai bien peur que quelle que soit la solution proposée, il y aura des mécontents ", conclut le municipal. Car il s'avère que tous les habitants du quartier ne sont pas opposés à un accès facilité à l'allée. AGO