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Sur les pas d'un nouveau drapeau

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Des membres de la fanfare sont allés chercher leur bannière à Wil (SG).

Les membres des sociétés de musique, de chant ou encore de sport sont très attachés à leur bannière. Dans les fanfares, comme à la gymnastique par exemple, un banneret cantonal est nommé pour officier d'une fête cantonale à l'autre. Et pas question de modifier ou laisser tomber cette tradition. La grande majorité de ces drapeaux est fabriquée manuellement au sein de Heimgartner à Wil (SG), la seule entreprise du genre en Suisse. Mercredi 12 février, huit membres de la Fanfare de Gland, accompagnés par la municipale glandoise en charge de la culture Isabelle Monney, ont pris le train pour visiter l'entreprise et chercher leur nouvel étendard.

"Je suis toute émoustillée" , murmure Jennifer Girod, joueuse de cornet, juste avant que leur nouvelle bannière soit montrée. "Ça me fout les frissons" , lâche Ahimara Buffat, secrétaire de la société et aussi joueuse de cornet. Silence. Gerda Scherer, employée chez Heimgartner et guide pour la visite, déplie le drapeau. "Oh! Il est vraiment beau" , s'exclame Pierre Butty, porte-drapeau de la Fanfare de Gland. "Plus je le regarde et plus il me plaît. Mais il va surprendre au début" , sourit Jennifer Girod. Interdiction d'en dire plus! Par tradition, seuls les membres de la commission uniformes ont eu le droit de voir cet assemblage de tissus garnis de broderies. Les autres attendront le 5 avril (lire ci-contre).

 

Un drapeau à plusieurs milliers de francs

 

"Le plus grand drapeau que nous avons fabriqué mesurait 120 m sur 120 m. Il s'agit de celui qui a été exposé sur la paroi nord du Säntis" , répond Gerda Scherer. C'était en 2009. Mercredi, durant plus d'une heure, elle guide les neufs glandois à travers les ateliers de l'entreprise Heimgartner. Si, historiquement, les ornements religieux sont les éléments qui ont vu naître cette fabrique, ils forment aujourd'hui le plus petit département de l'entreprise qui compte environ 60 employés.

"Nous avons trois graphistes, donc pouvons proposer trois styles différents" , explique Gerda Scherer qui se tient au milieu du bureau où les idées prennent forme sur un écran. Une centaine de projets par an sortent de cet espace. Parfois, ces trois employés regardent juste si le projet graphique envoyé déjà finalisé est techniquement réalisable.

Le prix se calcule en fonction des heures de travail et des matériaux utilisés. Pour un drapeau en soie, comme celui des sociétés, il faut compter entre 10 000 et 15 000 francs selon le tissu, damassé ou unique, les couleurs et les broderies souhaitées. "Pour une bannière double tissée, le prix peut monter jusqu'à 30 000 francs" , relève Gerda Scherer. "Nous utilisons la soie pour sa brillance, son élégance et sa très haute qualité" , précise-t-elle.

Après avoir tiré le dessin en grandeur originale, il est transféré sur le tissu grâce à de petits trous dans le papier. "Toutes les pièces de tissu sont coupées et assemblées avec un tour de zigzag et deux droits pour que ça tienne bien , continue la Saint-Galloise. Ensuite, de chaque côté, il faut couper ce qui ne doit pas rester et nous finissons par broder sur les coutures pour que ce soit joli." Et pour que le tissu ne se froisse pas trop, un filet de nylon est ajouté. Où chaque fil qui dépasse des coutures doit être retiré à la main, un à un.

 

Travailler en silence

 

A côté d'elle, des femmes travaillent dans un silence absolu. Une concentration sans faille est nécessaire, que ce soit pour des créations ou des restaurations. L'erreur n'est quasi pas possible. "Parfois, nous recevons des habits d'église pour une restauration et on se demande comment les nonnes ont réalisé la broderie, tellement c'est fin" , raconte Gerda Scherer, admirative devant une chape violette.

Chez Heimgartner, il est aussi possible d'imprimer son design directement sur du tissu, comme les drapeaux des communes qui sont sur un support synthétique, plus résistant à la météo. Toutefois, les apports finaux sont réalisés manuellement. Au sous-sol, plusieurs métiers à tisser, datant des années 1950-60 et encore utilisés, sont alignés, chacun comptant 2 à 3000 fils de laine ou de soie. Du drapeau suisse aux ornements pour les églises en passant par les fanions et displays publicitaires, tout semble réalisable chez Heimgartner qui a su mélanger travail manuel et traditionnel avec les techniques modernes qu'offrent les imprimantes géantes d'aujourd'hui.


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