Le député socialiste regrette que le Canton plaide pour le statu quo, sujet à interprétation.
Marcher le long des rives du Léman, le Plan directeur des rives du lac, adopté par le Canton en 2000, y encourage, "dans la mesure du possible" . Seulement, dans les faits, les choses sont plus compliquées à mettre en oeuvre pour les municipalités. D'abord, parce que souvent le tracé des chemins pédestres passe sur des propriétés privées. Deuxième problème, et pas des moindres: les contradictions entre les lois, semant le flou. Au moment de faire valoir leurs droits, les propriétaires d'habitations le long des rives avancent un autre texte, de 1926: la loi sur le marchepied. Celle-ci précise que les rives ne peuvent être accessibles que dans trois cas: pour les pêcheurs, les douaniers, ou les marins en détresse. Ce qui exclut, donc, les randonneurs.
Il y a deux ans, le député socialiste Jean-Michel Favez, alors habitant de Gland et conseiller communal, à la tête également du référendum victorieux de 2012 pour l'accès aux rives à Gland, lançait au Grand Conseil un postulat. Avec une idée simple: faire l'ajustement nécessaire pour que les deux textes de loi ne rentrent plus en opposition. Ainsi, aux trois cas d'accès aux rives tolérés par la loi sur le marchepied, le député demandait que soit rajouté la possibilité d'y établir, conformément au Plan directeur des rives du lac, un cheminement piétonnier.
Un ajustement qui aurait permis, selon l'intéressé, de clarifier les positions à l'heure de négocier des cheminements avec des propriétaires. Car, à l'heure actuelle, les municipalités doivent attendre d'accorder (ou renouveler) une concession pour les ports aux propriétaires afin de négocier, difficilement, une servitude de passage.
Mais le Conseil d'Etat a choisi de ne pas entrer en matière. Le député socialiste est amer: "Je ne peux cacher ma déception de me trouver face à un tel rapport qui conclut dans les faits qu'il n'y a rien à changer, la situation et les lois paraissant donc entièrement adéquates et satisfaisantes aux services et département concernés."
Mais celui qui vit désormais sur la Riviera montreusienne pourrait ne pas lâcher ainsi l'affaire: "J'envisage de lancer une initiative populaire cantonale, ce qui permettra, comme à Gland il y a deux ans, au peuple de s'exprimer sur la question."
L'association Rives publiques, qui imagine une telle initiative au niveau fédéral, pourrait naturellement se joindre à l'aventure. RH