L'usine du groupe Kennametal fermera ses portes fin octobre. Les employés licenciés négocient encore leurs conditions de départ .
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C'est officiel: le site glandois de Kennametal Stellram fermera définitivement ses portes le 31 octobre. Désormais, sur les 98 employés que comptait l'entreprise, ils ne sont plus qu'une quinzaine à se rendre encore quotidiennement sur leur lieu de travail. A l'instar de Michaël*, qui travaille depuis dix ans dans les stocks de l'entreprise. " Certains d'entre nous n'ont pas encore reçu leur lettre de licenciement. On nous garde encore pour finaliser le démontage de l'usine. On court dans tous les sens pour tenir les délais ", confie le trentenaire. Pour l'heure, l'entreprise ne s'est pas encore prononcée sur l'avenir du bâtiment, dont elle est propriétaire.
Un plan social dépassé
Pour les travailleurs licenciés au printemps dernier, la page n'est pas non plus tournée. Ils sont 70 à avoir mandaté le syndicat UNIA pour qu'il saisisse l'Office cantonal de conciliation. But de l'opération: contraindre Kennametal à renégocier les conditions de leur départ qu'ils jugent inacceptable.
" Le plan social appliqué par l'entreprise date de 1999. Il n'a jamais été actualisé depuis. Il n'est plus en phase avec la réalité économique d'aujourd'hui ", regrette Abdeslam Landry, secrétaire syndical en charge du dossier.
Concrètement, la compensation proposée par l'entreprise correspond à un peu moins d'un demi-salaire par années d'ancienneté. Les employés, eux, estiment que cette dernière doit être calculée sur un salaire plein. " C'est la référence actuelle dans la région et pour ce type de situation ", affirme Abdeslam Landry. Les travailleurs demandent également à la société de prendre en charge le pont AVS des employés proches de la retraite.
Négociations difficiles
Mardi soir, pour la troisième fois en cinq mois, l'Office de conciliation a reçu à Lausanne la délégation des employés, le secrétaire d'UNIA et les représentants de Kennametal. Aucun accord n'a été trouvé.
Abdeslam Landry résume la situation: " En mai, nous avons soumis au président de l'office la proposition de plan social des employés. Il l'a ajustée, sans la chiffrer, et a présenté son nouveau projet début juin. C'est cette proposition qui a été débattue mardi dernier. Et, pour l'instant, Kennametal ne veut rien donner de plus. "
De son côté, l'entreprise estime avoir fait les efforts nécessaires. " Nous avons accepté de participer à une médiation de quatre semaines, avec UNIA, au-delà du délai de consultation réglementaire " , explique Gaby Mlnarik, du service de communication de la société. " Nous avons également accepté d'ajouter au plan social un service d'accompagnement à la réinsertion professionnelle. Enfin, un nombre limité d'employés ont pu retrouver un poste au sein du groupe Kennametal. "
Dernière chance
A l'issue de la séance de mardi, l'entreprise a tout de même accepté que la délégation des employés chiffre le plan social proposé par l'office. Elle a jusqu'au 10 octobre pour s'y atteler. Puis, les deux parties seront à nouveau convoquées. Si aucun accord n'est trouvé, les salariés n'auront plus qu'une seule option: porter l'affaire devant les tribunaux individuellement.
Le président de l'organe de conciliation, Maître Philippe-Edouard Journot, se refuse pour le moment à tout commentaire sur le fond de l'affaire. Mais il lâche tout de même: " La culture d'entreprise de certaines sociétés étrangères entre parfois en contradiction avec la philosophie du travail en Suisse. Mais je reste confiant quant au dénouement positif de l'affaire. "
*Prénoms d'emprunt