Les appartements protégés d'Eikenøtt permettent aux personnes entravées dans leur mobilité de conserver leur liberté. Tour du propriétaire.
aguenot@lacote.ch
" C'est grand, lumineux et surtout il n'y a pas d'escaliers! " A l'aube de ses 80 printemps, Dorothée Berset est aux anges. Depuis le 1 er juillet, elle est locataire de l'un des 16 appartements protégés du bâtiment B2.4 d'Eikenøtt. Une mauvaise chute, l'an dernier, l'a convaincue de quitter son logement de la Vy-Creuse, dans lequel elle résidait depuis 40 ans, et d'emménager dans l'écoquartier.
Absence de seuils entre les pas-de-porte, douche à l'italienne, lavabo et cuisinière abaissés, ces appartements ont été spécialement conçus pour les personnes à mobilité réduite. Autre avantage: l'immeuble se trouve à quelques pas d'un centre médicosocial (CMS), d'une pharmacie et d'un centre commercial. La configuration est idéale pour l'octogénaire qui se déplace principalement au moyen d'un tintébin.
Le concept du bâtiment est né d'une collaboration entre la Mobilière et la Ville de Gland. Pour gérer et animer les lieux, cette dernière a mandaté la Fondation Belle Saison - qui possède notamment trois EMS à Begnins, Gland et Mont-sur-Rolle.
Ainsi, tous les mercredis, la fondation envoie sur place son référent social, Alexandre Rime. " Je commence la journée par faire une visite individuelle de chaque locataire ", explique le jeune homme. Puis, il ouvre la salle communautaire située au rez-de-chaussée du bâtiment. Il y prépare le repas de midi. Et, l'après-midi, place aux activités ludiques. " Cela va des jeux de cartes aux ateliers peinture et pâtisserie, en fonction des souhaits des habitants ", indique-t-il. Son rôle ne s'arrête pas là: il fait également le lien entre les habitants et le CMS, qui est un partenaire de Belle Saison.
Une alternative à l'EMS? Pas tout à fait. Comme l'explique Isabelle Monney, municipale en charge des Affaires sociales, " ces locataires ne remplissent pas les critères pour intégrer de telles institutions ". Avant tout, l'élue considère ces logements comme une alternative à l'isolement. " Dans un immeuble classique, ces personnes à mobilité réduite seraient isolées. Ici, elles peuvent tisser des liens entre elles, notamment grâce aux activités du mercredi. "
Tout n'est pas loué
Le concept est séduisant. Pourtant, à ce jour, seuls sept appartements sont occupés. Les loyers seraient-ils dissuasifs? La réponse est négative. Ils oscillent entre 1200 (2,5 pièces) et 1500 francs (3,5 pièces). Alors, pourquoi ces logements ne trouvent-ils pas preneurs? " Les conditions de sélection étaient peut-être trop restrictives ", admet Isabelle Monney. Au départ, seuls les habitants de Gland, résidant depuis trois ans au moins dans la commune, pouvaient postuler. Aujourd'hui, la ville a revu sa copie: " Désormais, l'ensemble des habitants du district peut s'inscrire auprès de la commune ", affirme la municipale.
L'attribution de ces logements se décide au sein d'une commission. Cette dernière est composée d'un représentant de la Ville, d'un membre de la Mobilière et d'un représentant du CMS. Si les neuf appartements protégés restent vides, ils seront loués à des familles.
A Gland, au chemin de la Chavannes, un second bâtiment abritant des logements protégés est en cours de construction. Il comprendra une vingtaine d'appartements. Le projet a été mis sur pied par la Ville et par la coopérative Cité Derrière. Belle Saison se chargera vraisemblablement de l'animation .